Captation vidéo du « Café Sciences Sociales » de l’APSES : « Quelle gestion de la dette, des budgets nationaux et européens pour faire face aux multiples défis contemporains ? » avec le soutien d’Alternatives économiques, enregistrée le mardi 21 mai.
Article de présentation : https://www.apses.org/apses-paris-cafe-sciences-sociales-quelle-gestion-de-la-dette-des-budgets-nationaux-et-europeens-pour-faire-face-aux-multiples-defis-contemporains-21-mai-2024/
Résumé :
Le mardi 21 mai dernier avait lieu, au café de la mairie rue de Bretagne Paris 3ème, un café de sciences sociales de l’APSES « Quelle gestion de la dette, des budgets nationaux et européens pour faire face aux multiples défis contemporains ? » avec le soutien d’Alternatives économiques. L’évènement a été l’occasion d’avoir une réflexion politique/citoyenne sur la question de la dette à l’échelle européenne, à quelques jours de l’unique tour des élections européennes, le dimanche 9 juin.
Pour ce débat étaient conviés David Cayla, maître de conférences à l’université d’Angers, co-auteur de l’ouvrage Penser l’alternative aux éditions Fayard (février 2024)
et Jézabel Couppey-Soubeyran, maîtresse de conférences à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, co-autrice de l’ouvrage Le pouvoir de la monnaie aux éditions Les liens qui libèrent (janvier 2024).
Catherine André, rédactrice en chef adjointe à Alternatives Économiques, cofondatrice et directrice éditoriale de Voxeurop, modérait le débat.
En introduction de la conférence, l’APSES, représentée par Rodrigue Lohier, en rappelle le synopsis : le monde est désormais multipolaire et en tension : l’extrême droite est aux portes du pouvoir dans nombre de pays européens, alors que la guerre est aux portes de l’Europe. Et le projet européen, qui avait pour but de s’opposer aux nationalismes et de préserver la paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en s’appuyant notamment sur une union économique, reste plus que jamais incompris. Ce nouveau contexte pose la question de la gestion de la dette, des budgets nationaux et européens –et de la viabilité des règles budgétaires européennes correspondantes- pour faire face à ces multiples défis : croissance de la zone, innovation, gains de productivité et pouvoir d’achat, transition énergétique et écologique, sécurité et défense. Faudrait-il en particulier envisager des annulations de dette à l’échelle européenne ? Catherine André ajoute que sur cette question de la dette, l’aspect le plus urgent, c’est peut-être celui du financement des besoins colossaux de la transition écologique.
En filigrane du débat, David Cayla rappelle qu’en vertu d’un principe néo-libéral, la Banque centrale européenne (BCE) ne peut pas financer directement les Etats. Le mécanisme par lequel l’Etat trouve des financements par endettement se fait ainsi sur les marchés financiers. Et à cette contrainte financière au cœur du libéralisme s’ajoutent des contraintes institutionnelles liés aux mécanismes de gouvernance de l’Union européenne (UE), comme les règles budgétaires dites critères de convergence (déficit : 3 % du PIB max, dette : 60 % du PIB max), « gravées dans le marbre » avec le traité d’Amsterdam et le Pacte de stabilité et de croissance (PSC, 1997).
L’économiste explique par ailleurs que le coût de la transition écologique est gigantesque (puisqu’elle inclut notamment la rénovation des bâtiments, la transformation de tous les véhicules thermiques en véhicules non carbonés électriques ou autres, le développement de transports publics, le changement de toutes les machines-outils qui fonctionnent au pétrole, etc.), soit estimé à 4 % du PIB.
Quant à Jézabel Couppey-Soubeyran, elle partage le diagnostic de David Cayla d’un cadre budgétaire largement inadapté et ne permettant pas de faire face aux défis contemporains, et précise que dans tous les investissements à réaliser pour la transition écologique – dont le financement constitue le premier des défis, il y en a une moitié non rentable selon le rapport Pisani-Ferry Mahfouz -l’investissement non rentable, c’est un investissement sans retour financier- à financer donc par des fonds publics.
Les deux économistes vont alors s’opposer sur les solutions à considérer pour faire face aux défis contemporains, et c’est dans ce cadre que Jézabel Couppey-Soubeyran revient sur la solution monétaire défendue dans Le pouvoir de la monnaie, à savoir des dons de la Banque centrale qui iraient à un réseau de sociétés financières publiques -qui seraient chargées d’allouer des subventions à tout un ensemble d’acteurs porteurs de projets d’investissements indispensables sur le plan écologique et même social mais non rentables. Ces sociétés financières publiques recevraient cette monnaie centrale émise en dehors d’un prêt, d’un achat de titres ; ce serait un mode complémentaire de création de monnaie centrale, et on aurait là un puissant accélérateur du financement de la transition écologique…